L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est avant tout un modèle économique dont l’éthique est basée sur l’utilité sociale et la solidarité entre les individus et au sein de la société. Son fonctionnement est collectif et démocratique. Elle place l’homme avant le profit, son projet est lié au progrès social et environnemental.
Les pratiques de l’ESS rentrent également dans le cadre général de l’Informatique : recyclage d’ordinateurs et de matériel informatique y compris mobile, accès à l’informatique pour le plus grand nombre, lutte contre l’illectronisme, ...
Par exemple, l’entreprise ENVIE qui existe depuis 1984 est une pionnière de l’Économie circulaire : elle recycle du matériel électro-ménager et informatique, rachète des stocks obsolètes qui n’ont pas été utilisés pour le proposer à ses clients. Elle salarie aujourd’hui jusqu’à 2300 personnes en insertion.
À Strasbourg, le collectif d’associations de solidarité international Humanis et ordidocaz, propose pour la somme de 29 euros un ordinateur à destination d’élèves, d’étudiants, d’établissements scolaires , d’associations ou de bénéficiaires de minima sociaux.
Par ailleurs, à Schiltigheim, l’association Desclicks propose à ses adhérens un esapce de connexion à Internet, des formations et un service de maintenance et de réparation informatique.
Partout en France, ces services fortement imprégnées de l’éthique de l’ESS se développent.
Plus globalement, la Fondation Cognacq Jay par exemple met en place un Laboratoire des Solidarités et surtout le Solidarum, une base de connaissances accessible en ligne pour l’invention sociale et solidaire.
Pourtant, très majoritairement, les outils logiciels associés à ces actions sont propriétaires, bien loin des préoccupations de l’ESS.
D’un point de vue éthique, rien n’est moins sûr. Par exemple, la collecte quasi systématique des données personnelles, qui nourrissent l’économie du logiciel par leur revente à des fins diverses pose problème. En quoi ces pratiques sont-elles éthiques ? Même lorsqu’on propose du matériel recyclé, la licence du système d’exploitation reste payante, et des accords doivent être trouvés avec les fournisseurs de logiciels pour un achat groupé, ce qui diminue leur coût, mais incite à utiliser ces logiciels.
Il ne faudrait pourtant pas être sectaire. Pour un écolier ou un étudiant, le fait d’utiliser un Système d’exploitation ou un logiciel propriétaire peut s’avérer indispensable. Par exemple, l’Université de Dijon entre autres utilise la suite Microsoft Teams pour l’ensemble des cours, des webinaires, des évaluations et des contenus proposés. Au service Formation Continue à distance de l’Université de Strasbourg, le logiciel de classe virtuelle Via Classilio est utilisé en association avec une plateforme EAD créée à façon. Mais cela implique qu’on utilise un système d’exploitation Windows ou MacIntosh pour participer aux cours à distance dans les meilleures conditions possibles.
Il existe aussi de nombreux cas où l’utilisation de logiciels propriétaires en ligne est beaucoup plus aisée que celle de logiciels libres. L’exemple le plus flagrant est probablement celui de la suite Google (traitement de texte, tableur, présentations, ...) : l’ergonomie et l’expérience utilisateur sont le résultat de nombreuses années de développement et ont réellement créé de nouvelles pratiques. Pour reprendre l’exemple de GoogleDocs, c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que plusieurs personnes peuvent travailler de façon collaborative et synchrone sur le même document. C’est simple, facile, presque évident lorsqu’on en a l’habitude. Pourquoi se fatiguer à choisir des outils moins faciles à utiliser et parfois même bogués ?
Par exemple, en quoi il serait plus pratique d’utiliser des services comme Zoom, Facebook Messenger ou d’autres plateformes de vidéoconférence ? Il existe un certain nombre de services de vidéoconférence partiellement gratuits, issus du mouvement des logiciels libres, et qui sont tout aussi simples d’utilisation. Ce sont pourtant des logiciels propriétaires partiellement gratuits, dont on pointe souvent les problèmes éthiques, qui sont très majoritairement utilisés dans le monde de l’ESS lors des réunions à distance.
Un autre exemple est celui des formulaires au format pdf. Ce format est partiellement fermé, et les fonctionnalités de signature proposés par Adobe Acrobat sont propriétaires et pourraient souvent être remplacées par des solutions plus simples et libres.
Cette politique d’usage de logiciels propriétaires dans l’ESS présente donc une contradiction évidente. Comment y remédier ? En quoi les logiciels libres peuvent répondre à cette question ? C’est à la fois une question économique, environnementale et d’usages dans la population.
Les logiciels libres sont développés sur la base du volontariat. Il existe de nombreux modèles économiques, basés par exemple sur le développement de logiciels par des équipes internationales auto-constituées, qui mettent à disposition de la communauté leur travail, et qui parallèlement vendent des services grâce aux produits développés collectivement. C’est une économie moins centralisée et qui, par un système de réseau, permet à de nombreuses personnes d’en vivre pour le bien de la communauté. C’est donc une économie qui se rapproche peu ou prou de l’ESS par les valeurs de partage social.
Si le fait de recycler le matériel informatique est bien évidemment vertueux, diminue la pollution et l’impact de l’extraction de terres rares dans les pays en voie de développement, l’utilisation des logiciels est plus difficile à appréhender.
Prenons l’exemple de la vidéo et de la VOIP sur Internet. Son utilisation pose des problèmes, notamment sur le bilan carbone des entreprises qui l’utilisent. Bien sûr, d’autres services produisent également des émissions de carbone, mais la diffusion de la vidéo sur Internet est de loin le plus producteur. Selon une étude publiée en juillet 2019 par The Shift Project (source GEO),
Dans son étude, The Shift Project met l’accent sur les vidéos en streaming qui constituent le secteur le plus énergivore de nos activités numériques car elles sollicitent énormément les serveurs situés à travers le monde. En 2018, les vidéos représentent 80% du trafic internet et ont produit 300 millions de tonnes de CO2. C’est l’équivalent des émissions carbone totale de l’Espagne sur la même période.
Un bilan désastreux. L’ESS se doit de remettre en cause ses pratiques concernant l’utilisation de la vidéo sur Internet. Mais comment faire ?
Reprenons l’exemple de la vidéo sur Internet. Comment changer son usage ? Et d’ailleurs, pourquoi devrait-on utiliser la vidéo ? Dans quel cadre est-elle indispensable, ou pas ? Et comment faire en sorte que ces nouveaux usages se propagent au sein de la société, notamment pour les associations et entreprises de l’ESS ?
Nous avons choisi de proposer aux adhérents d’ADENÜM BigBlueButton comme solution de vidéoconférence parce qu’elle simplifie le partage de documents. On peut bien sûr faire de la vidéoconférence au sens strict – c’est-à-dire que les participants à la réunion peuvent se voir ou être vus, ou encore partager leurs écrans. Cependant, nous conseillons de privilégier le partage de documents et de ne faire que de l’audioconférence, du moins pendant la plus grande partie de la réunion. C’est une solution dont le bilan carbone est nécessairement plus faible : cette pratique est donc éminemment vertueuse.
Il y a bien d’autres raisons pour lesquelles la vidéo n’est le plus souvent pas nécessaire, ce qui donne lieu à un autre article de notre blog.
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